Tout savoir sur la titrisation de créances en zone UEMOA
La recherche de moyens de financement alternatifs, c'est à dire en dehors du système bancaire classique, est en essor dans le monde entier. Notre espace économique communautaire n'échappe pas à cette donne. Découvrez l'essentiel de l'un des plus prometteurs, à savoir, la titrisation de créances et ses particularités dans notre contexte ouest-africain dans cet article.
02 février 2025
Par T.B.
En Afrique, les difficultés d’accès au financement se font ressentir aussi bien au niveau des porteurs de projet, qu’à ceux des grandes entreprises et des Etats. Pourtant, sous l’effet des phénomènes de mutations dans les sociétés, on a assisté à une floraison de nouvelles activités et de nouveaux instruments financiers. Ainsi, le système financier africain tente de s’adapter aux évolutions liées principalement aux nouveaux besoins de financement des économies nationales, et à l’introduction de l’innovation financière et technologique.
Dans cette optique d’innovation, figure la pénétration d’une nouvelle ingénierie financière : la titrisation de créances. Aujourd’hui, instrument clé sur le marché financier africain, la titrisation se positionne davantage comme une alternative aux financements classiques.
Une innovation financière qui gagne du terrain en Afrique de l’Ouest
La titrisation est une technique financière qui transforme des actifs peu liquides, c’est-à-dire pour lesquels il n’y a pas véritablement de marché tels que les crédits, en valeurs mobilières facilement négociables comme des obligations. De ce fait, les organismes (institutions financières, entreprises, Etats etc.) dit cédants peuvent monétiser un portefeuille d’actifs (créances) en le cédant à un Fonds Commun de Titrisation de Créances (FCTC) qui achète et vend à des investisseurs (banques, fonds de pension, etc.) sous forme de titres sur le marché financier selon des termes et conditions définis (taux d’intérêt, durée, maturité etc.)
La titrisation est une opération importée, principalement des Etats-Unis. Relativement récente en Afrique, elle s’inscrit parmi les plus importantes innovations financières connues par les marchés. Elle a débuté dans les années 1970, aux Etats-Unis, avec la croissance du marché hypothécaire avant de se développer en Europe depuis la fin des années 1990. Elle s’est étendue par la suite à plusieurs types de créances, notamment les crédits à la consommation, les crédits commerciaux, et à l’ensemble des actifs du bilan de l’entreprise, avant
de financer les infrastructures des Etats.
Alors que le marché de la titrisation a mis du temps à se développer en Afrique, l’augmentation du nombre d’opérations dans la zone de l’Union Economique et Monétaire Ouest-Africaine (UEMOA) met en évidence son potentiel de croissance. En effet, entre 2016 et 2023, se sont treize (13) opérations de titrisation qui ont été réalisées pour un montant d’environ 848,8 milliards de francs CFA, dont onze (11) au cours des seules années 2021, 2022 et 2023.
De plus, l’adoption et le potentiel de cette technique est d’autant plus poignante au regard du nombre grandissant de création de Sociétés de Gestion des Fonds Communs de Titrisation de Créances (SG-FCTC) ainsi que par l’émergence de structurations plus complexes élaborées par les acteurs notamment la cotation in fine des titres émis par les FCTC à la BRVM (Exemple : FCTC Sonatel coté à la BRVM en 2024).
Une technique de financement aux multiples avantages
Le financement par la titrisation est accessible aux banques et institutions financières, aux entreprises (hors banques et institutions bancaires), et aux Etats. Au-delà de l’acquisition de liquidité, la titrisation présente des avantages divers pour chaque type de cédant tels que :
Cédants banques et institutions financières : Une meilleure optimisation du patrimoine et des aléas
- Diversification des sources de financement avec l’accès aux intervenants du marché financier (Compagnie d’assurance, etc.) et une prévisibilité sur la disponibilité et le terme des financements
- Transfert du risque de crédit à la cession des créances au FCTC
- Amélioration des Ratios de solvabilité, de levier, de liquidité, et d’immobilisations hors exploitation
- Amélioration de la trésorerie et du coefficient de liquidité (transformation des créances en liquidité)
Cédants entreprises (hors banques et institutions financières) : Une meilleure gestion du Bilan et des risques et une amélioration de la rentabilité
- Transformation de créances non négociables en liquidité avec possibilité de titriser des créances existantes et des créances futures et à très court terme (créances commerciales) par le mécanisme de rechargement
- Amélioration des indicateurs de performance d’exploitation (le BFR notamment)
- Diversification des sources de financement de l’entreprise sans augmentation du niveau de la dette
- Elargissement de la base d’investisseurs, avec un accès au marché de la dette institutionnelle et aux investisseurs internationaux à travers le marché financier.
- Transparence de la transaction vis-à-vis des tiers de la Société (pas de notification de la cession)
- Flexibilité dans la structuration du FCTC avec la possibilité de création d’un ou plusieurs compartiments
- Des taux d’intérêt plus compétitifs que le marché bancaire
Cédants investisseurs individuels : Une meilleure appréciation du risque
- Diversification du portefeuille avec des produits peu risqués
- Investissement dans des titres bénéficiant de garanties/suretés
- Limitation du niveau de perte lié à la performance des créances
- Niveau élevé du taux de récupération pour les investisseurs en cas de défaut du Cédant.
T.B.